Le hors piste gagne du terrain au Québec!

Posted on Déc 14, 2015 in Nouvelles

Le hors-piste gagne du terrain au Québec !

Véronique Champagne. «Le hors-piste gagne du terrain au Québec». Espaces. 2015, décembre.

Plus nombreux que jamais au Québec, les adeptes du hors-piste, qu’ils soient en ski ou en raquette, boudent les balises et s’enflamment pour des terrains de jeu aux mille possibilités.
« Au lieu d’enchaîner des descentes blasées sur des pistes groomées, les gens sont maintenant prêts à passer la journée dans le bois à faire un effort physique pour vivre LA belle descente », dit Marc-André Lebuis de Éco Plein Air, qui guide des expéditions hors-piste à la Vallée-Bras-du-Nord. La foule, l’attente, les descentes sur un tapis prévisible et la nature loin en périphérie, c’était hier. Aujourd’hui, les amateurs de sport font un retour aux sources. François Roy, de Vertigo Aventures, est du même avis : « Les gens préfèrent deux descentes sensationnelles dans une journée plutôt que d’en faire 25 ordinaires. La qualité versus la quantité. »

Jeff Rivest, adepte du hors-piste et représentant pour la marque Dynafit dans l’est du Canada, ne voit pas que des puristes de la glisse dans cette nouvelle tendance. « Avant, c’était exclusivement des skieurs alpins qui s’adonnaient au ski de montagne (ou randonnée alpine) pour accéder à des terrains de glisse plus intéressants. On voit maintenant un engouement de sportifs qui tripent sur le côté fitness du sport : ils grimpent la montagne et se font un super entraînement, puis ils profitent d’une descente à leur goût, que ce soit dans de la grosse neige folle ou sur du damé. L’attente aux remonte-pentes, on n’en veut plus! On est plus actif et on souhaite bouger », résume Jeff Rivest. Le courant est tel qu’aux États-Unis, on parle même de ski fitness.

L’équipement, source de démocratisation

Outre le changement de mentalité, l’évolution de l’équipement a été un moteur de popularité pour le ski hors-piste. « Il y a 20 ans, les skis ne flottaient pas, alors ça prenait toute une technique pour skier dans la poudreuse. Aujourd’hui, les planches plus larges et légères ont rendu possible une certaine démocratisation du sport », raconte François Roy, coordonnateur de Vertigo Aventures. Même la technologie des planches à neige divisibles s’est aussi raffinée pour rendre l’ascension plus aisée.
Le ski hors-piste est d’ailleurs le seul segment de sport de glisse qui connaisse une progression depuis quelques années. Déjà, en 2013, MEC faisait référence à une augmentation de 40 % des ventes d’équipement hors-piste au Canada.

Maxim Bolduc, expert MEC en ski du magasin de Québec commente : « On perçoit sans aucun doute une progression importante des ventes dans les trois essentiels du hors-piste, soit la pelle, la sonde et le détecteur de victimes d’avalanche (DVA) ».

À la boutique Le Yéti, un commerce montréalais qui connaît bien les sports hors-piste, Mathieu Barré a remarqué un changement dans sa clientèle : « Le hors-piste est notre créneau depuis 1986, alors ce n’est assurément pas nouveau pour nous. Ce qui l’est par contre, c’est la variété de notre clientèle. Ce ne sont plus que des connaisseurs qui viennent chez nous, on a aussi maintenant beaucoup de curieux ».

La nouveauté ne se passe pas que du côté de la demande : Le Yéti tient désormais des modèles de ski des grandes marques comme Salomon et Atomic, qui n’offraient pas de produits pour cette niche par le passé.

De son côté, Jeff Rivest de Dynafit – la seule marque spécialisée dans le ski de montagne – reçoit des demandes de produits par des détaillants généralistes comme Oberson.

Hors-piste pour tous?

Les montagnes québécoises ne promettent pas toutes un territoire hors-piste paradisiaque. Si la Haute-Gaspésie offre l’expérience totale, un nombre croissant de centres de ski font maintenant des efforts pour développer un terrain qui donne une bonne expérience hors-piste.

« Le hors-piste, c’est d’abord une question de qualité de neige naturelle, puis d’intimité avec la nature », résume François Roy. Pour ça, il n’est pas nécessaire d’avoir de hauts sommets sauvages, mais il faut tout de même une certaine surface de jeux pour éviter que la grande vague d’enthousiastes ne détériore la qualité d’expérience de chacun. Or, la province est vaste, mais son terrain aménagé pour le hors-piste, lui, est toujours en développement.

« Au Québec, on a de la pente, mais nos forêts sont très denses, dit Marc-André Lebuis d’Éco Plein Air, aussi ancien travailleur forestier. Le ski hors-piste, ce n’est pas du ski sauvage. Il faut un certain aménagement du terrain. Il n’est pour l’instant pas question d’ouvrir la Vallée-Bras-du-Nord au grand public tant que l’aire de terrain aménagé ne sera pas plus grande », ajoute-t-il.

François Roy se questionne lui aussi sur le degré de saturation de l’aire skiable des Chic-Chocs, lourdement légiférée par mesure préventive pour la conservation des caribous en Haute-Gaspésie.

Du côté de la SEPAQ, la donne est différente : « Il y a quatre ans, on a développé du terrain hors-piste pour répondre à la forte demande. Les gens nous disaient être tannés de circuler dans les mêmes sentiers. Ils voulaient aller voir ailleurs et se sentir seuls au monde », dit Gilbert Rioux, conseiller au service collectif de la SEPAQ.

« On a identifié sept parcs où des portions de territoire étaient en mesure de subir la pression écologique du sport hors-piste – on a un mandat de préservation et ce n’est pas vrai que la couche de neige protège tout – puis qui offraient un terrain de jeu aux points de vue dignes d’intérêts. Or, l’achalandage n’est pas proportionnel à la demande », précise le conseiller. « Il y a beaucoup d’intéressés, mais peu de braves ! », résume-t-il.

La sécurité en hors-piste

Au-delà de la bravoure, l’important, c’est surtout d’être informé. « Toute pente qui a une inclinaison raisonnable, disons entre 25 et 50 %, et qui n’a pas une grande densité forestière présente un risque d’avalanche. En somme, tout terrain qui est intéressant pour le ski hors-piste peut présenter un risque d’avalanche », résume Dominic Boucher, directeur général d’Avalanche Québec.

Heureusement, la sensibilisation et la formation auprès de la population pour promouvoir le sauvetage autonome a fait son chemin : « Les gens sont indéniablement plus informés qu’il y a 15 ans, où les skieurs ne connaissaient même pas l’équipement de sauvetage. Aujourd’hui, ils connaissent les caractéristiques d’un terrain dangereux et savent identifier les points de déclenchement fréquents.»

« Les gens qui s’aventurent hors-piste n’ont pas le choix de s’arranger pour être autonomes, poursuit Dominic Boucher. En arrière-pays, ça prend plus d’une heure pour aller chercher de l’aide, une aide qui doit ensuite avoir le temps de se rendre au lieu de sauvetage. Or, on sait qu’après 15 minutes sous la neige, les chances de survie sont d’un mince 50 %, alors qu’après 5 minutes, elles sont toujours à 90 %. »

Fait heureux : la popularité croissante du sport hors-piste n’a pas entraîné une hausse d’incidents liés aux avalanches. Aucune mort de skieur ou randonneur n’a été rapportée par Avalanche Canada depuis 2009. Quant aux avalanches déclarées, elles se maintiennent entre 5 et 10 annuellement dans les Chic-Chocs.

Les skieurs qui s’adonnent au ski hors-piste doivent en général signer une décharge de responsabilité. Visant aussi à faciliter le développement de terrain hors-piste, la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade (FQME) offre désormais une assurance aux propriétaires de domaine pour les couvrir en cas d’incidents sur leur terre. En adhérant à la Fédération, les skieurs profitent quant à eux d’une assurance évacuation partout au Canada. Ce service est aussi disponible sur une base quotidienne, qui s’ajoute au tarif hors-piste de certains centres de ski.

Back, side, slack ou front country ?!?

– Le hors-piste pur et dur (backcountry) : ski en zone reculée hors des limites de la zone skiable d’un centre de ski. Aucun service.
– Le hors-piste assisté (sidecountry) : ski sur un terrain à l’extérieur des limites de la station, mais ne nécessitant qu’une légère approche pour retourner près des remontées mécaniques et autres services.
– Le sous-bois sauvage (slackcountry) : ski hors-piste accessible via une remontée mécanique ou la voiture.
– Le tout près des pistes (frontcountry) : ski hors-piste près de tous les services, y compris les services d’urgence.

http://www.espaces.ca/categorie/actualites/reportages/article/1772-le-hors-piste-gagne-du-terrain#.VmogsO1OUXE.facebook

Partagez-nous!